Rapport sur l’agence France-Museum

  • Mis à jour le lundi 11 juin 2018

12 juillet 2017

 

Louvre Abu Dhabi : dix ans après la signature de l’accord,
la commission des finances du Sénat fait le point

 

Emblématique et souvent critiquée, la coopération franco émirienne autour du Louvre Abou Dhabi constitue un projet sans précédent d’un point de vue scientifique, diplomatique et financier. Dix ans après la signature de l’accord franco-émirien de 2007 et à la veille de l’ouverture du musée, prévue pour la fin de l’année 2017, les enjeux culturels et budgétaires restent considérables : un millier d’œuvres françaises seront prêtées aux Émiriens durant la première année de fonctionnement du musée et 500 millions d’euros devront être versés à la France dans les années à venir.

 

LE LOUVRE ABOU DHABI : UN PROJET A UN MILLIARD D’EUROS

 

Le projet, né d’une demande émirienne, vise la création ex nihilo d’un musée universel à Abou Dhabi, portant le nom du Louvre et encadrée par un accord intergouvernemental d’une durée totale de trente ans.

 

Au-delà de l’attribution du nom du Louvre pour trente ans, l’accord prévoit un rôle très étendu de la partie française : prêts d’œuvres issus des collections françaises pour compléter la collection des Émirats (10 ans à compter de l’ouverture), organisation d’expositions temporaires (15 ans à partir de l’ouverture), expertise technique sur l’organisation du musée, formation des personnels, aide à l’acquisition d’une collection permanente…

 

Les flux financiers importants prévu par l’accord, de l’ordre d’un milliard d’euros sur la totalité de la durée de l’accord, reflètent l’ambition du projet scientifique et culturel. Les contributions financières des Émirats arabes unis s’élèveront ainsi à 974,5 millions d’euros, dont 400 millions d’euros au titre de la « marque » Louvre, 190 millions pour les prêts visant à compléter la collection permanente, 195 millions d’euros en lien avec l’organisation d’expositions temporaires et 165 millions d’euros au titre de l’expertise technique.

 

L’AGENCE FRANCE-MUSÉUMS : UN RÔLE DELICAT DE PILOTAGE ET DE COORDINATION DES MUSÉES FRANÇAIS

 

L’Agence France-Muséums est chargée de la mise en œuvre de l’accord hors gestion de la marque « Louvre », qui est du ressort direct du musée du Louvre. Il s’agit d’une société privée par actions simplifiée (SAS) détenue par douze musées français. Avec un peu plus d’un tiers des parts, le Louvre est actionnaire principal – mais non majoritaire – de l’Agence.

 

En dehors de la licence de marque et du mécénat au profit du Louvre, tous les fonds transitent donc par l’Agence France-Muséums avant d’être, pour une part, reversés aux établissements publics culturels partenaires du projet : les fonds relatifs aux prêts et aux expositions temporaires sont intégralement redistribués tandis que la redevance finance principalement le fonctionnement de l’Agence France Muséums. Du côté des musées, le Louvre est l’établissement qui bénéficie des versements les plus importants.

 

APRÈS DIX ANS DE TRAVAIL, DES ENJEUX POUR L’AVENIR QUI RESTENT CONSIDÉRABLES

 

Nous soulignons dans notre rapport la qualité du travail de l’Agence France-Muséums : la France doit s’honorer du rôle qu’elle a joué jusqu’ici dans le projet.

 

D’un point de vue budgétaire, alors que, selon l’accord de 2007, environ la moitié des versements prévus par l’accord auraient dû être effectués au 31 décembre 2016, les paiements effectués par la partie émiratie représentent un tiers environ du total des flux financiers. Plus de 500 millions d’euros seront versés à la France dans les prochaines décennies.

 

Cette situation résulte du retard qui a été pris : l’ouverture est désormais prévue pour 2017, tandis que l’accord prévoyait initialement qu’elle se tiendrait en 2014. Ce retard est principalement lié aux difficultés résultant, pour les Émirats arabes unis, de la crise financière de 2007 et de la baisse du cours du pétrole, qui ont conduit à ralentir le projet en 2011-2012.

 

L’ouverture constitue une étape cruciale et très délicate, qui appelle une grande vigilance de la part de la France, en particulier sur les conditions de transport, d’accueil et de conservation des œuvres. Les prêts français au Louvre Abu Dhabi représentent entre un quart et un cinquième du total des œuvres prêtées chaque année par la France à l’étranger.

 

LES RECOMMANDATIONS DES SENATEURS POUR MIEUX VALORISER LES MARQUES ET SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS EN MATIÈRE CULTURELLE

 

Nous trouvons qu’il serait vain de chercher à ″répliquer″ l’accord du Louvre Abu Dhabi ». En effet, nous estimons que les enseignements tirés de l’expérience du Louvre Abou Dhabi doivent être mis à profit et formulent cinq recommandations en ce sens.

 

Nous proposons en particulier d’autoriser les établissements culturels dont les besoins le justifient à créer une filiale en partenariat avec d’autres établissements publics et des acteurs privés.

 

En effet, alors même que les sollicitations ne manquent pas, les grands musées français ne disposent pas des ressources pour y répondre : l’établissement public administratif se prête mal au développement d’une logique commerciale. En outre, la plupart des demandes nécessitent la participation de plusieurs opérateurs et, en l’absence d’une structure durable de coopération et de coordination, les partenariats se limitent à des projets « au coup par coup ».